[JdR] Criminality Deadline Prison : Course vers la démogrâce ?

En prévision de la convention Équinoxe (qui approche à grands pas), j’en profite pour remettre au propre mes scénario, en particuliers ceux qui ont eu le plus de succès par le passé. L’intérêt est double : d’une part, envisager de pouvoir partager ces créations de sorte qu’elles soient compréhensibles par quelqu’un d’autre que moi ; d’autre part, améliorer ma propre prestation et m’assurer de la qualité de mon travail. C’est également une belle occasion de pouvoir parler un peu de ce qui attend mes joueuses¹ si d’aventure nous avions l’occasion de passer quelques heures ensemble autour d’une table. Aujourd’hui, on va parler du scénario que j’ai conçu pour le jeu Criminality Deadline Prison (écrit par Christophe Zerr) : « Course vers la démogrâce ? ».

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Écrivant ces lignes, je me rends compte que désormais, de tels concepts existent vraiment…

D’abord, présentons brièvement le jeu. Les personnages sont tous les détenus d’une prison de haute sécurité qui est également un plateau de télé-réalité. Toutes les composantes y sont incluses, dans la plus sordide parodie de notre société tendant désormais vers le cyberpunk : les téléspectateurs peuvent voter pour gracier leur détenu détenu préféré via des SMS (surtaxés), dénoncer par téléphone (via un numéro surtaxé) les tentatives d’évasion en direct, et espérer gagner des cadeaux tels qu’un mug ou une casquette à l’effigie du criminel qu’ils trouveront le plus charismatique. Tout est mis en scène pour faire de l’audience, au mépris de la dignité humaine et de toutes les conventions internationales, mais l’enjeu est annoncé comme étant supérieur : faire régner l’ordre et mettre fin à la criminalité et au terrorisme international.

La critique sociale est à la fois cruellement pertinente et suffisamment évidente pour évoquer à toutes les joueuses des images très claires. L’ambiance est posée dès le départ et les personnages qui en résultent sont toujours très intéressants, les consignes permettant une large palette de possibilités tout en permettant de piocher très largement dans sa culture, quelle qu’elle soit. J’ai assisté autant à des personnages qui pourraient être issus du 20h de TF1 que de Ghost in the shell ou du Silence des agneaux. Horreur, angoisse, actualité, cyberpunk ou même fantastique sont autant de genres pouvant inspirer l’interprétation et le cadre donné aux personnages.

Du côté du scénario, sans trop en dévoiler, je me suis appuyée sur l’une des clefs du succès de cette prison : la démogrâce. Parfois, un détenu est gracié suite aux votes du public ; mais les conditions du succès sont aussi mystérieuses que cruelles et les faveurs de la foule ne sont pas aisées à acquérir. Les cinq personnages de ce scénario sont traités comme ce qu’ils sont aux yeux de la Production, c’est à dire comme des pions, des outils pour faire de l’audience, sacrifiables sans scrupules, à qui l’on ne doit rien… pas même des explications. Ensuite… l’orientation que peut prendre la partie dépend essentiellement des joueuses et de leurs choix. La finalité est assez proche d’un huis-clos clef en mains, où l’on joue essentiellement debout et où l’interprétation se fait presque théâtrale. L’une des seules consignes lors de la création du personnage est un profil suffisamment médiatisé pour intéresser la Production. L’accent est mis sur l’intensité du ressenti des personnages, sur le doute, le mystère, l’angoisse…

¹ Par choix d’écriture, je féminise désormais systématiquement le mot joueur, et uniquement celui-ci, au singulier comme au pluriel. Plus d’explications prochainement.

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